Le CIRAD (Centre de coopération International en Recherche Agronomique
pour le Développement) est à priori bien connu à Montferrier. C'est
néanmoins la visite de ce centre que «Aqueduc Nature» a proposé le 14 février dernier. Notre groupe d'une
trentaine de participants fut accueilli par Serge Palu qui nous fit un rapide et complet commentaire sur les
missions essentielles du CIRAD dans le domaine du développement durable.
Il mit en particulier l'accent sur les grandes cultures
tropicales telles que celles du café, du cacao, du riz, de l'hévéa, du palmier
à huile, du coton, mais aussi celles ayant trait aux biocarburants, à
l'exploitation des forêts et à l'usage du bois. Les objectifs du CIRAD étant
bien entendu d'améliorer les modes d'exploitation, de parfaire la qualité des
produits fabriqués et de développer des
solutions pour lutter contre les maladies de ces cultures qui, dans certaines
régions du monde, sont économiquement vitales pour les populations. Les aspects
commerciaux, économiques et de production qui représentent des enjeux importants de la
chaîne alimentaire font également l'objet de nombreuses analyses spécifiques.
C'est ainsi que plus de 1500 personnes d'origine et de
formations diversifiées, voire très spécialisées pour certaines, exercent des
métiers assez différents mais très complémentaires. Ce personnel se trouve
réparti sur 3 sites ; le campus de Baillarguet, le parc scientifique de
l'agglo et le site de La
Valette (Avenue d'Agropolis).
Notre matinée était bien trop courte pour tout visiter, si bien
qu'il fallut faire un choix. C'est donc à la découverte du cacao et du
caoutchouc que Serge Palu nous invita en commençant par les laboratoires qui travaillent sur ces
deux produits.
Du cacaoyer au chocolat.
Le spécialiste qui nous accueillit nous proposa une longue
histoire, puisque ce sont les Olmèques (environ 1.000 ans avant notre ère) puis
plus tard les Mayas qui furent les premiers à cultiver le cacaoyer dont les
fèves servaient à confectionner une boisson tonifiante.
Il souligna, qu'effectivement cet arbuste qui pousse dans
les régions tropicales donne des fruits (la cabosse) contenant les fèves qui
après diverses opérations de fermentation, d'oxydation (un peu comme le vin...),
puis de torréfaction, de décorticage et de broyage, donnent les produits
nécessaire à la fabrication du chocolat.
La qualité de ce dernier est, bien entendu, fonction des
variétés, des mélanges de fèves et des aromates, mais elle dépend aussi
énormément des arômes qui se développent lors des opérations de travail sur les
fèves. Il y a, nous a-t-on dit, plus de 500 composés chimiques, connus à ce
jour, concourant à l'arôme du chocolat que les chercheurs du CIRAD tentent,
avec des moyens d'analyse puissants, d'appréhender.
Quelle chance! Ils disposent aussi d'une micro
chocolaterie ; véritable usine en miniature mais aussi laboratoire
d'essais où les chercheurs fabriquent du chocolat pour, bien entendu, l'analyser,
le goûter (quand même...) et oeuvrer à l'amélioration de sa qualité.
Au fait ! Le chocolat est-il bon pour la santé ?
Il nous a été répondu ; qu'il est riche en magnésium, en fer et qu'il
participe à l'élimination du cholestérol. Il serait également euphorisant et
possèderait d'autres vertus vivifiantes voire revigorantes. D'ailleurs au 18ème
siècle, la Comtesse
du Barry n'offrait-elle pas une tasse de chocolat chaud à ses courtisans
préférés qui lui rendaient visite dans son boudoir ... !!!
De l'Hévéa au Caoutchouc
Matériau aux multiples usages, nous rappela notre
intervenant, le caoutchouc est extrait de l'hévéa, arbre des pays d'Asie du
sud-est, d'Afrique et d'Amérique latine.
Pour être plus précis, il est extrait du latex par une
opération d'incision de l'écorce, assez délicate, nécessitant soin et habileté
des saigneurs pour ne pas endommager l'arbre.
Après récolte, il est acheminé vers les usines de traitement
d'où il sort sous forme de pains ou de feuilles selon les modes opératoires des
différents pays, qui sont exportés vers les établissements de transformation.
Ce caoutchouc naturel est plastique, très élastique, se déforme avec un
échauffement interne très faible et retrouve sa forme initiale, ce qui n'est
pas le cas du caoutchouc synthétique. D'où son utilisation, en particulier dans
l'industrie des pneumatiques, qui est la
plus importante utilisatrice, compte tenu du développement croissant qu'a connu
le secteur du transport durant le dernier siècle.
A noter que seuls, les pneumatiques d'avions, ceux d'engins
spéciaux et certaines pièces notamment de l'industrie chimique, électrique et
nucléaire sont conçus exclusivement en caoutchouc naturel.
Pour le reste...? Il s'agit de caoutchouc synthétique,
parfois avec un certain pourcentage de caoutchouc naturel, par exemple pour les
pneumatiques de nos automobiles personnelles.
C'est dans ce contexte que le CIRAD par ses travaux de
recherche concourt à améliorer la productivité des arbres, à maîtriser la
qualité, à sélectionner les variétés et à mettre au point des traitements
phytosanitaires adaptés. En effet, les plantations d'hévéa font vivre
aujourd'hui environ 50 millions de personnes dans les pays tropicaux.
Notre
matinée se termina par un parcours dans les deux serres où sont cultivés étudiés
et analysés les différentes variétés de ces deux végétaux : le cacaoyer
possédant paraît-il un secret des dieux,
l'hévéa dont l'homme recueillerait les
larmes du bois.
Si vous souhaitez en savoir plus, vous pouvez consulter le site Web du CIRAD.