La
visite d’une telle ville est
toujours un évènement, tant il y a à
découvrir ou à redécouvrir,
d’autant que les
travaux de fouille et de restauration réguliers permettent
la mise en valeur du
patrimoine et d’appréhender l’histoire
avec un regard différent.
« 2500
ans
d’histoire à Narbonne » ;
tel
était le thème de la visite commentée
de notre journée.
Née
port fluvial, la ville de Narbonne
fut occupée par les romains qui
s’installèrent là où
existait une implantation
autochtone le long d’un bras de l’Aude,
à l’emplacement de l’actuel canal de la
Robine. Ce site paraissait stratégique puisqu’il
offrait un accès vers la mer, possédait une
voie vers l’Espagne (via Heraklea) qui devint
après aménagement la Via Domitia
et une ouverture vers l’Aquitaine. C’est donc ainsi
que serait née la plus
ancienne colonie Romaine sur le sol de la Gaule en 118 avant notre
ère.
Cette
cité connaîtra la
prospérité, deviendra capitale de la Narbonnaise,
puis de la Septimanie wisigothique jusqu’au 8ème.siècle.
Conséquences d’une histoire
mouvementée ; de pillages, de destructions, de
réutilisations des marbres
pour fabriquer de la chaux, de réemploi des blocs de pierre
pour bâtir des
remparts au moyen âge ; la plupart des importants
monuments romains
(amphithéâtre, capitole, cirque, temple, thermes,
arcs de triomphe…) ne sont
plus debout aujourd’hui.
La
première visite consacrée à
l’époque romaine fut celle de l’horreum
(grenier) daté du 1er.siècle
avant J.C. En descendant quelques marches, on découvre une
ville sous la ville,
structurée en galeries d’une hauteur de
voûte d’environ 2m40 sur lesquelles
s’ouvrent des cellules où étaient
entreposées les marchandises. Selon certains
historiens, cet ensemble devait constituer le sous-sol d’un
marché situé en
centre ville. Aujourd’hui, cet horreum
n’a plus d’usage, sauf une
cellule où vieillit le vin de la ville de Narbonne
« le NARBO 118 »
qui fait l’objet d’une vente aux
enchères annuelle.
La
seconde visite nous fit
franchir près de 1000 ans, en découvrant la Basilique
Saint Just - Saint
Pasteur, ancienne cathédrale de style
gothique, édifiée aux 13ème
et 14ème siècles qui
présente la particularité de n’avoir
jamais été
terminée. En effet, pour la finir, il aurait fallu
réaliser une brèche dans les
remparts, ce que les consuls de la ville refusèrent pour des
raisons de
protection de la cité. Ensuite, rien ne fut entrepris pour
des raisons de coût,
même après la démolition des remparts.
Cet édifice inachevé comprend donc un
chevet qui offre une vue impressionnante de l’élan
des voûtes qui s’élèvent
à
plus de 40 mètres (4ème de
France pour la hauteur) qui permettent
d’imaginer le projet gigantesque envisagé
à l’image des cathédrales gothiques
du nord de la France. Plusieurs chapelles l’entourent dont
Notre Dame de
Bethléem qui possède un imposant retable
sculpté, chef d’oeuvre de l’art
médiéval. Quant au mur ouest, il supporte un
orgue, aux armes du chapitre, composé
de jeux conçus par plusieurs facteurs.
La
troisième visite nous amena
vers la place de l’hôtel de ville, face
à un ensemble monumental dont
l’élément
majeur est le Palais des Archevêques.
Construit en plusieurs
étapes, au cours des siècles, nous avons pu tout
d’abord admirer l’architecture
de la cours intérieure du Palais Vieux (style roman du 12ème),
puis
la cour d’honneur pavée de marbre du Palais Neuf
qui abritent notamment les
sculptures médiévales de
l’époque wisigothique à la renaissance,
ainsi que les
collections du Musée Archéologique et du
Musée d’Art et d’Histoire de Narbonne.
L’après
midi, c’est vers le
quartier du Bourg que nous nous sommes dirigés pour
apprécier les commentaires
de notre guide sur l’église Notre Dame de La
Mourguié dont l’architecture est typique des
édifices religieux gothiques du Languedoc du 13ème
siècle. Désaffectée, elle est devenue
le Musée Lapidaire
qui abrite
environ 2000 bloc alignés sur 4
rangées ; fragments provenant des grands
monuments romains de Narbonne qui avaient été
réemployés pour bâtir les
remparts de la ville, eux-mêmes,
démantelés au 19ème
siècle. Il
constitue le 2ème musée
lapidaire d’Europe après celui de Rome.
La
visite se termina en
admirant un spectacle audiovisuel original, créé
en 2007, qui par une marche en
avant, propose au visiteur, un voyage dans l’histoire depuis
l’antiquité
romaine jusqu’à la renaissance. Les images
projetées sur les hauts murs et
voûtes de la grande nef, accompagnées
d’une musique créée pour la
circonstance,
offre une fresque historique et artistique mettant en valeur
l’édifice et les
collections qu’il abrite.
Cette
ville possède bien
d’autres richesses, à voir peut-être
à l’occasion d’une autre
journée.